Un protocole thérapeutique enfin mesuré scientifiquement

Parmi les nombreuses approches psycho-corporelles utilisées dans les accompagnements du trauma, peu ont fait l’objet d’une validation cérébrale aussi rigoureuse que celle du Toucher Havening. L’étude menée par Sumich et al. (2022), publiée dans la revue Psychology & Neuroscience, apporte une preuve neurophysiologique directe des effets de cette méthode, grâce à des mesures EEG et des auto-évaluations standardisées. Les résultats sont sans appel: une seule séance de Toucher Havening réduit la détresse émotionnelle, modifie l’activité cérébrale, et améliore la santé psychologique des participants deux semaines après l’intervention.

 

Objectif de l’étude : évaluer une méthode sensorielle par des données biologiques

L’objectif affiché des chercheurs était clair: mesurer l’impact immédiat et différé d’un protocole de Toucher Havening sur :

  • La détresse subjective (via l’échelle SUD),
  • L’humeur négative (autoévaluation standardisée),
  • Les activations cérébrales mesurées par EEG (bêta/gamma),
  • Le bien-être psychologique global à deux semaines.

C’est la première fois qu’un protocole basé sur le toucher est analysé de façon aussi structurée, avec des données neurologiques à l’appui.

 

Un protocole expérimental croisé et reproductible

24 adultes ont participé à cette étude. Tous ont été invités à se replonger dans un souvenir désagréable mais tolérable. Chacun a ensuite reçu deux interventions distinctes, dans un ordre aléatoire :

Une séance de Toucher Havening (H+),

Une séance contrôle sans toucher (H–), avec les mêmes consignes cognitives.

Le design cross-over permet de comparer les effets des deux conditions sur un même participant. Une EEG a été réalisée avant et après chaque intervention, pour enregistrer les variations d’activité cérébrale.

 

Le Toucher Havening : une stimulation sensorielle calibrée

Le protocole Havening utilisé impliquait des gestes rythmiques sur les bras, le front et les mains, accompagnés de distractions cognitives (chantonnement, comptage, mouvements oculaires). Le toucher doux est déjà bien documenté pour ses effets sur la sérotonine, mais ici, les chercheurs voulaient vérifier s’il pouvait moduler l’activité électrique cérébrale et réduire la détresse subjective en une seule séance.

 

Résultats immédiats : réduction significative de la détresse (SUD)

Les scores SUD (Subjective Units of Distress) ont chuté de manière significative dans la condition H+, dès la fin de la séance. En revanche, le groupe H– a montré une baisse modeste, sans effet durable. Cela suggère que le toucher est la variable clé du soulagement émotionnel observé.

 

Résultats neurophysiologiques : des marqueurs cérébraux modifiés

L’EEG a montré :

  • Une augmentation des ondes bêta, associées à un état de vigilance calme et régulé,
  • Une diminution des ondes gamma, souvent associées à l’hypervigilance émotionnelle et au traitement traumatique.

Ces modifications sont spécifiques à la condition H+, ce qui confirme que le Toucher Havening provoque une régulation neurophysiologique mesurable.

 

Effets différés à deux semaines : un bien-être renforcé

Deux semaines après l’intervention, les participants ont rempli un questionnaire de santé psychologique globale. Les résultats montrent une amélioration significative, stable, même sans répétition du protocole. L’effet positif du Toucher Havening semble donc s’ancrer dans le temps.

 

Une étude unique par sa méthodologie

Ce qui rend cette étude particulièrement intéressante pour les thérapeutes :

  • Elle combine EEG, mesures subjectives, et suivi à distance,
  • Le design croisé intra-individuel augmente la robustesse des comparaisons,
  • Elle mesure le pouvoir du toucher en tant que variable indépendante, et non seulement l’effet d’une distraction cognitive.

 

Limites et précautions

L’échantillon reste modeste (24 participants), et aucun groupe placebo n’est intégré. Néanmoins, la qualité du design, la clarté des effets observés et la rigueur de l’analyse EEG en font une étude de référence, souvent citée dans les cercles de recherche sur les thérapies psychosensorielles.

 

Pourquoi ce protocole intéresse autant les praticiens ?

Pour les thérapeutes travaillant sur la régulation émotionnelle, la dissociation ou l’anxiété, cette étude apporte des arguments forts :

  • Le Toucher Havening est non intrusif, non verbal, rapide,
  • Il provoque un changement ressenti par le client,
  • Et il est désormais validé par des marqueurs neurophysiologiques.

 

Intégrer le Havening dans une pratique thérapeutique fondée

En France comme à l’international, de plus en plus de professionnels cherchent à intégrer des méthodes validées dans leur pratique. Le Toucher Havening est simple à apprendre, mais s’appuie sur une compréhension fine des mécanismes neurobiologiques du trauma. Cette étude leur donne une base concrète pour en parler aux clients ou aux prescripteurs.

 

Une preuve que le corps a sa place dans la psychothérapie moderne

Trop longtemps, les approches somatiques ont été reléguées au second plan des pratiques thérapeutiques. Cette étude montre que le toucher peut influencer le cerveau, en temps réel, et que les méthodes psychosensorielles comme le Havening méritent leur place au cœur de l’accompagnement émotionnel.

 

Des effets en une séance, une économie de temps pour le client

Contrairement à des protocoles longs, l’intervention décrite ici dure moins de 30 minutes. Le client ne parle pas, ne revit pas l’événement, mais sort apaisé — avec des effets mesurables deux semaines plus tard. Pour de nombreuses personnes qui n’ont pas accès à des parcours thérapeutiques longs, cela change la donne.

 

Ce que disent les chercheurs

Les auteurs concluent ainsi :

« Le Toucher Havening semble modifier à la fois la perception émotionnelle et les circuits neuronaux impliqués dans la réponse au stress. »
Ils appellent à répliquer cette étude à plus grande échelle, mais reconnaissent déjà que ces résultats sont « prometteurs pour les approches intégratives du trauma. »

 

Références complètes

Référence :
Sumich, A., Heym, N., Sarkar, M., Burgess, T., French, J., Hatch, L., & Hunter, K. (2022).
The power of touch: The effects of Havening Touch on subjective distress, mood, brain function, and psychological health.
Psychology & Neuroscience, 15(4), 332–346.
DOI : https://doi.org/10.1037/pne0000288
PDF : https://research-information.bris.ac.uk/files/370370282/Havening_Manuscript_revised_FINAL_1_.pdf