Un protocole bref, un impact profond

Dans le monde de la santé mentale, les méthodes rapides, efficaces et reproductibles sont particulièrement recherchées. L’étude conduite par Gursimran et al. (2015) montre qu’une séance unique de Toucher Havening suffit à améliorer les niveaux de dépression, d’anxiété et de fonctionnement professionnel.
Il s’agit de l’une des premières études à documenter, avec des outils validés, les effets émotionnels et sociaux d’une approche psychosensorielle appliquée à des professionnels en souffrance.

 

Participants : des professionnels de santé en difficulté

L’étude a été menée auprès de 27 professionnels de santé : infirmiers, médecins, praticiens du NHS britannique, ayant exprimé des difficultés de fonctionnement liées à une détresse émotionnelle. La majorité d’entre eux avaient entre 40 et 60 ans, avec un historique de surcharge émotionnelle, d’épuisement ou de conflits professionnels.
Tous avaient un retentissement sur leur vie quotidienne ou professionnelle.

 

 Objectif de l’étude

L’objectif était clair : tester l’efficacité d’une intervention brève unique, en l’occurrence une séance de Toucher Havening, sur :

  • La dépression (mesurée par le PHQ9),
  • L’anxiété (GAD7),
  • Le fonctionnement social et professionnel (WSAS).

Les mesures ont été réalisées avant la séance, une semaine après, puis deux mois plus tard.

 

Un protocole simple et réaliste

Chaque participant a été vu en individuel par un thérapeute formé au Toucher Havening. La séance a duré environ 45 minutes, selon un protocole standardisé :

  • Activation d’un souvenir désagréable ou stressant,
  • Séquence de Toucher Havening (toucher doux + distractions cognitives),
  • Fin de séance sans verbalisation prolongée.

Il n’y a pas eu de suivi ni de répétition de la séance entre T1 et T3, ce qui rend les résultats attribuables uniquement à cette séance unique.

 

Outils de mesure validés cliniquement

L’étude a utilisé trois outils psychométriques reconnus :

  • PHQ9 (Patient Health Questionnaire-9) : questionnaire de 9 items mesurant la sévérité de la dépression. Score max : 27.
  • GAD7 (Generalized Anxiety Disorder-7) : 7 items mesurant l’intensité de l’anxiété généralisée.
  • WSAS (Work and Social Adjustment Scale) : échelle de 5 items évaluant l’impact d’un trouble sur le fonctionnement professionnel et social.

 

Résultats principaux – données quantitatives

Les analyses statistiques montrent une baisse significative des scores dès la première semaine, et ces améliorations sont maintenues à deux mois.

PHQ9 (dépression) : χ²(2) = 30,79, p < 0,001

GAD7 (anxiété) : χ²(2) = 38,18, p < 0,001

WSAS (fonctionnement) : χ²(2) = 22,62, p < 0,001

Cette progression ne s’explique pas par un effet placebo ou par la régression naturelle, puisque les scores restent stables à long terme.

 

Interprétation des résultats

Le PHQ9 moyen est passé d’un niveau modéré à une zone non-clinique.
Le GAD7, chez certains participants, est passé de la zone « sévère » à « légère » en une semaine.
Le WSAS montre un retour au fonctionnement professionnel compatible avec une activité normale.

Ces résultats suggèrent un retour rapide à une stabilité émotionnelle et sociale, sans processus long ni médicalisation.

 

Pourquoi cette étude est importante pour les praticiens

Contrairement à d’autres recherches centrées sur des patients ou des cas extrêmes, celle-ci cible un public réaliste : des professionnels expérimentés, en poste, souffrant d’un trouble de l’adaptation ou d’un syndrome d’épuisement.

Cela rend les résultats hautement transférables aux contextes thérapeutiques actuels :

  • Burnout,
  • Perte de sens,
  • Troubles anxieux fonctionnels.

 

Le rôle du toucher dans le soulagement émotionnel

Le protocole de Toucher Havening combine un toucher doux sur les bras et le visage, avec des éléments distractifs : mouvements oculaires, chantonnement, comptage à rebours.

Ce double canal d’intervention (sensoriel + attentionnel) crée une désactivation rapide de l’amygdale, selon les modèles neurobiologiques exposés par Ronald Ruden.

L’étude de Gursimran et al. en donne une confirmation empirique : le participant n’a pas besoin de verbaliser, mais sort apaisé.

 

Un effet durable, sans répétition

Un des résultats les plus frappants de cette étude est la stabilité de l’effet à deux mois, sans rappel de séance, sans prescription ni accompagnement supplémentaire.

Cela renforce l’idée que le corps garde une trace de la régulation obtenue, même après une unique séance.

 

Réduction de la souffrance au travail : un levier immédiat

Dans un contexte de tension professionnelle (post-Covid, surcharge systémique, services de soin saturés), ce type de protocole devient un outil de réponse rapide.

Il peut être utilisé en prévention de l’absentéisme, en accompagnement de reprise, ou en intervention ponctuelle dans des services exposés au stress chronique.

 

Limites de l’étude

Cette étude n’intègre pas de groupe contrôle. Elle ne permet donc pas d’exclure totalement un effet de passage du temps ou d’interaction thérapeutique.

Cependant :

  • La taille de l’effet, mesurée statistiquement,
  • La durabilité des résultats,
  • Et l’utilisation d’échelles cliniques fiables,

renforcent la validité interne de l’étude et justifient de futures recherches contrôlées.

 

Perspectives cliniques

Pour les thérapeutes formés au Havening, cette étude apporte une base scientifique à ce qu’ils constatent en séance : les personnes ressortent soulagées, reconnectées, et prêtes à reprendre leur vie.
Pour ceux qui découvrent cette approche, elle montre qu’un toucher encadré, calibré, non intrusif, peut induire un changement rapide sur plusieurs dimensions : émotion, cognition, comportement.

 

Une réponse non médicamenteuse à la souffrance silencieuse

Face à la montée des troubles anxiodépressifs, notamment en milieu professionnel, le Toucher Havening offre une alternative douce, non médicamenteuse, sans exposition forcée.
Il peut aussi renforcer les outils d’un professionnel formé en TCC, hypnose ou thérapies brèves.

 

Références complètes

Gursimran, T., Tom, D., Gould, M., McKenna, P., & Greenberg, N. (2015).
Impact of a Single-Session of Havening.
Health Science Journal, 9(5:1), 1–5.

Fiche article : https://www.hsj.gr/medicine/impact-of-a-singlesession-of-havening-7273.html

PDF complet : https://kclpure.kcl.ac.uk/portal/files/44380308/impact_of_a_singlesession_of_havening.pdf