L’étude de Hodgson et al. (2023) montre qu’une seule séance de Toucher Havening peut provoquer une hausse significative de la résilience chez des personnes ayant vécu un traumatisme récent.
Avec 125 participants, un essai contrôlé rigoureux et des résultats très stables à un mois, ce travail marque une avancée majeure pour la recherche sur les interventions psychosensorielles brèves.
Pourquoi s’intéresser à la résilience post-traumatique ?
La résilience est définie comme la capacité à faire face à l’adversité, à s’adapter, et à se rétablir après un choc. Dans le domaine de la santé mentale, renforcer la résilience après un événement traumatique est un levier fondamental pour prévenir les troubles de stress post-traumatique (TSPT), l’anxiété chronique ou la dépression.
Mais jusqu’ici, peu d’approches avaient démontré la possibilité de faire augmenter la résilience de manière mesurable, rapide et durable, surtout en une seule séance.
Objectif de l’étude
L’étude menée par Hodgson et al. avait pour but d’évaluer l’effet d’une unique séance de Toucher Havening sur la résilience psychologique.
Les chercheurs voulaient savoir si une intervention brève, non médicamenteuse, pouvait induire :
- un changement significatif du niveau de résilience,
- dans un délai court (24h à 1 mois),
- et avec une durabilité observable.
Méthodologie – rigueur et transparence
Participants
L’étude a inclus 125 adultes, chacun ayant subi un événement traumatique dans les semaines ou mois précédents. Aucun d’entre eux n’était engagé dans une autre forme de traitement psychologique au moment de l’intervention.
Design expérimental
Il s’agissait d’un essai contrôlé randomisé en groupes parallèles :
- Groupe expérimental (n = 62) : a reçu une séance de Toucher Havening,
- Groupe témoin (n = 63) : placé sur liste d’attente, sans intervention.
Blindage
Les praticiens savaient à quel groupe appartenait chaque participant (non-aveugle). Cependant, les analyses statistiques ont été conduites à l’aveugle par un évaluateur indépendant, pour limiter les biais d’interprétation.
Mesure principale
La résilience a été évaluée grâce à l’échelle CD-RISC (Connor-Davidson Resilience Scale), un outil validé et reconnu dans la recherche clinique. Trois temps de mesure ont été utilisés :
T1 : avant l’intervention,
T2 : 24 heures après,
T3 : un mois après.
Résultats – un impact massif
Scores de résilience observés dans le groupe Toucher Havening :
T1 (avant) : 36,7 (écart-type 20,0)
T2 (24h après) : 70,3
T3 (1 mois après) : 73,9
En comparaison, le groupe témoin n’a montré aucune évolution significative.
Taille d’effet
L’ampleur de la progression mesurée est exceptionnelle :
Le Cohen’s d (indice de taille d’effet) est supérieur à 2,6,
Ce qui correspond à un effet très fort — rarement atteint en psychologie clinique.
Comment expliquer ce changement en une seule séance ?
Le protocole Havening repose sur l’utilisation coordonnée de :
- Toucher doux et rythmique sur les bras, le visage et les mains,
- Tâches cognitives distractives : chantonnement, mouvements oculaires, comptage,
- Une stimulation multisensorielle engageant à la fois le système limbique, le cortex sensoriel et les réseaux attentionnels.
Ces éléments agissent ensemble pour désactiver les circuits de stress et permettre un ancrage plus stable d’états internes positifs. Le protocole complet dure moins de 30 minutes, sans nécessité de verbaliser le traumatisme.
La force de l’étude : rigueur et reproductibilité
L’un des atouts majeurs de cette étude est sa clarté méthodologique :
Le design en groupes parallèles évite les contaminations croisées,
La mesure standardisée et répétée (T1, T2, T3) permet d’observer la dynamique du changement,
La taille de l’échantillon (n = 125) assure une robustesse statistique.
Cela en fait un modèle de rigueur expérimentale pour les futures études sur les thérapies brèves et corporelles.
Pourquoi cette étude marque un tournant
En psychotraumatologie, les études mesurant un effet clinique significatif dès une seule séance sont rares.
Mais ici, les résultats sont :
- rapides (en 24h),
- durables (encore plus élevés à 1 mois),
- et spécifiques à l’intervention (aucune amélioration dans le groupe témoin).
Cela signifie que le Toucher Havening n’est pas simplement apaisant : il modifie activement la dynamique adaptative d’une personne.
Le Toucher Havening dans le paysage thérapeutique
Les approches psycho-corporelles comme l’EMDR, la cohérence cardiaque ou l’EFT ont déjà montré leur efficacité dans la régulation émotionnelle.
Le Toucher Havening vient compléter ces outils avec :
- une structure simple,
- une mise en œuvre rapide,
- et une efficacité démontrée même sans thérapie verbale.
Il offre une option précieuse pour les personnes en post-trauma immédiat, pour qui la verbalisation est difficile ou contre-indiquée.
Application concrète en contexte clinique
Cette étude confirme que le Toucher Havening peut être utilisé :
- en post-urgence (accident, agression, événement choquant),
- comme outil ponctuel dans un suivi plus long,
- comme intervention ciblée auprès de professionnels à risque (soignants, pompiers, enseignants…).
Son faible coût émotionnel et sa facilité de mise en œuvre en font un levier immédiat dans de nombreux contextes thérapeutiques.
Limites et perspectives
Comme toute recherche, cette étude présente certaines limites :
- Absence de groupe placebo actif,
- Pas de suivi au-delà d’un mois,
- Et évaluation uniquement par auto-questionnaire.
Néanmoins, les résultats sont suffisamment clairs, stables et puissants pour justifier :
- de répliquer l’étude à plus grande échelle,
- de l’intégrer dans des protocoles hospitaliers,
- et de continuer à mesurer l’effet du toucher structuré sur la résilience émotionnelle.
Ce que retiennent les praticiens
Les praticiens formés au Havening rapportent souvent :
- une stabilité émotionnelle nouvelle chez leurs clients après une séance,
- une reprise de mouvement intérieur dans des situations de blocage,
- une capacité accrue à gérer les émotions du quotidien.
- L’étude vient objectiver ces constats cliniques et renforcer la confiance dans cette méthode.
Une avancée pour la recherche en neuroplasticité
Cette étude s’inscrit dans une tendance émergente de la recherche : celle qui explore la transformation rapide du système nerveux via des stimulations simples. Le Havening est l’un des rares protocoles où :
- le toucher est l’agent principal du changement,
- et les effets sont observables sur une fonction aussi complexe que la résilience.
Pour les personnes traumatisées : un espoir concret
Souvent, les personnes ayant subi un traumatisme redoutent la thérapie car elles craignent de devoir « tout raconter ».
Le Havening, ici, leur propose :
- une approche douce, sans re-exposition,
- une expérience corporelle sécurisante,
- et un changement mesurable dès la première séance.
C’est un espoir thérapeutique pour ceux qui ne supportent plus de parler.
Conclusion
L’étude de Hodgson et al. (2023) constitue à ce jour l’une des validations les plus solides du Toucher Havening.
Elle démontre qu’une seule séance peut :
- augmenter de manière massive la résilience psychologique,
- et ancrer un changement durable dans le temps, sans verbalisation ni traitement pharmacologique.
C’est un jalon majeur dans la reconnaissance des approches psychosensorielles comme leviers thérapeutiques.
📎 Références complètes
Hodgson, K. L., Carmi, L. H., Ruden, R. A., Carmi, M. A., & Cameron, D. (2023).
Augmenting resilience to trauma: A parallel-group controlled trial of a psychosensory intervention.
Preprint publié sur OSF – PsyArXiv Repository.
DOI : https://doi.org/10.31234/osf.io/7jm2s
PDF direct : https://osf.io/7jm2s/download/?format=pdf